Dégustation vin

La dégustation du vin (1/2)

Rencontre fortuite avec un inconnu

La dégustation s’apparente à un rendez-vous avec un inconnu avec qui vous n’allez passer que quelques minutes. Pourtant, les informations qui vont être échangées au cours de cette poignée de secondes vont être nombreuses et il s’agira de retranscrire tout ce que vous avez ressenti par la suite à un ami qui n’a pas participé à ce rendez-vous.

Rencontre fortuite

Il s’approche et vous le voyez arriver. Il est grand, petit, corpulent ou maigre, a les cheveux noirs ou blonds, est habillé simplement ou de manière sophistiquée, avec des vêtements aux couleurs vives ou sombres. C’est l’aspect visuel. Le premier contact. Pour un vin rouge,  sera-t-il plutôt vermillon, grenat, rubis, pourpre, orangé, carmin ? Intense, limpide, profond, brillant ? Regardez-le à la lumière. A-t-il des reflets orangers ? Laisse-t-il des larmes (ou des jambes) sur la paroi du verre ?

La personne s’approche de vous. A-t-elle un pas lourd, hésitant ou plutôt léger, aérien ? Avouez que ce premier contact donne déjà une bonne idée du caractère et de la personnalité de l’inconnu. Cette étape correspond au premier nez. Lorsque vous humez le vin, avant agitation, vous laisse-t-il une impression  agréable (ou pas) ? Le nez est-il puissant, ouvert, discret ou absent ?

Elle vous serre la main. Cette poignée de main est-elle franche, agréable ou moite et fuyante ? C’est le deuxième nez, après agitation. Vos impressions de l’étape précédente se confirment-elles ?

Et la discussion s’engage. La personne va faire preuve d’aisance, de finesse d’esprit, d’humour, de personnalité. Elle peut aussi manifester un trait de caractère qui va couvrir tous les autres : un tic, une forme de grossièreté ou un accent exacerbé qui va donner de la chaleur à ses propos. Il émane d’elle une grande harmonie ou un déséquilibre qui est dérangeant ? Essayez de définir tous ces traits de caractère, de les nommer et de les quantifier.

A lire :  L’utilisation hivernale de l’huile d’olive

C’est le contact gustatif qui permettra d’en définir la personnalité. Pour le vin, on parlera d’une attaque franche, de la finesse et de la complexité des arômes, de l’équilibre général.

La personne se lève et s’en va. Vous laisse-t-elle une impression durable ? Pour le vin, il s’agit de la longueur en bouche. Ses arômes s’évaporent-ils rapidement en ne laissant rien ou continuent-ils à exciter vos papilles.

Un langage commun

Lorsque vous aurez franchi la première étape qui consiste à suivre le plan évoqué ci-dessus et à parler de votre ressenti, vous pourrez ajouter des options qui vous feront passer de débutant à amateur, puis à expert. L’une de ces options est le vocabulaire. S’il n’est pas indispensable à la dégustation en elle-même, il permettra néanmoins de préciser vos propos et de pouvoir échanger plus facilement avec  ceux qui partagent l’exercice.

Cela fonctionne souvent par analogies. Pour l’examen visuel, on parle de la couleur, de la brillance et de la limpidité. Au nez, on va chercher à définir les arômes. Végétaux, floraux, animaux, fruités. S’il s’agit d’arômes fruités, est-on plutôt sur des fruits rouges, jaunes, blancs, confits, secs ? On va tenter de lier sa perception à des références olfactives. L’amen gustatif est le plus complexe. On parlera d’un caractère tannique quand le vin sera astringent (la langue râpe sur le palais). Il sera souple et équilibré quand aucun caractère ne prendra le dessus sur les autres. Il sera subtil quand les arômes seront délicats. Mais rien que cela pourrait donner lieu à un article en soi.

A lire :  La vigne en été

Une impression globale

Comme chaque personne est unique, chaque vin est unique. Le ressenti qu’on aura de chacun sera forcément différent.

A un ami qui me confiait un jour ne pas savoir déguster, j’ai ouvert deux bouteilles très différentes et j’ai disposé deux verres devant lui. Quelques instants plus tard. Un verre était vide et l’autre demeurait plein. Je lui en ai demandé la raison. Il m’a répondu que l’un lui paraissait plus doux, plus agréable car il avait plus le goût de fruit. La démonstration était faite : la dégustation est accessible à tous. Le tout est de s’intéresser à ce jeu de mémoire.

La dégustation n’est pas une science. C’est un art. Un art qui met les sens en éveil et à l’honneur, un art du plaisir, et du partage, qui sont des valeurs innées. Je vous invite donc à une découverte pleine et consciente du vin que vous avez dans votre verre, reflet du raisin dont il est issu, de son terroir et du travail passionné de toutes les personnes qui ont œuvré à son élaboration.